Une société où l’on n’aime pas les animaux
est une société où l’on ne peut aimer les êtres humains
Guy Millière – J’ai déjà noté ici
ce qui m’attachait à mes chats. Ils sont, pour moi, une part de ma
famille. Ils sont, pour moi, souvent, des exemples de dignité, de
courage et de constance.
J’ai,
depuis le mois de mars, des difficultés à écrire de façon aussi
régulière et soutenue que je le fais depuis des années. Cela tient, ou,
plus exactement, cela a tenu jusque voici peu, à ce que la chatte qui
était ma plus proche compagne d’écriture depuis treize ans était très
malade, atteinte d’un cancer de la bouche, ce qui impliquait de ma part
des soins constants. Cela tient, ou plus exactement, cela a tenu jusque
voici peu, à ce que lorsque je levais les yeux de mon ordinateur, je
trouvais une présence dont je discernais qu’elle allait bientôt
s’éteindre.
Ma chatte est décédée,
le 6 aout. Quand elle est tombée malade, la médecine ne lui donnait que
quelques jours à survivre. Elle a survécu cinq mois.
Je
sais que des êtres humains souffrent et meurent chaque jour. Mais
pendant treize ans, cette chatte a été là, juste à côté de moi, a
accompagné chaque ligne, chaque mot, chaque paragraphe.
L’écriture,
surtout celle de livres, est un travail solitaire. Ma chatte faisait
que j’étais seul en écrivant, et que je ne l’étais jamais vraiment. Elle
savait ne pas me déranger, être silencieuse, être tendre quand elle
sentait que c’était nécessaire, être attentive à mes gestes et à mes
sentiments. Comme les chiens, les chats ont une aptitude à percevoir les
émotions que les êtres humains n’ont pas, ou ont perdu.
Comme
nombre des chats dans ma vie, elle venait de la rue, abandonnée. Je lui
ai donné une famille. Elle m’a rendu au centuple ce que je lui ai
donné. Je veux penser que ce que j’ai écrit depuis treize ans l’a été un
peu grâce à elle.
Comme pour nombre de mes chats, je n’ai pas choisi son nom. Mon épouse et ma fille l’ont appelée Titoune. J’ai gardé ce nom.
Je viens de la mettre en terre, avec respect. Avec amour. Mon épouse et ma fille étaient à mon côté.
Je vais faire une pause dans mon écriture. Et puis, je surmonterai l’épreuve.
Je
sais que certains de ceux qui me lisent ne comprendront pas, et se
diront qu’il y a bien plus important. Je n’en disconviens pas.
Je
n’en pense pas moins plus que jamais qu’un être humain ne peut vraiment
aimer et respecter les êtres humains s’il n’aime pas et ne respecte pas
les animaux.
Je n’en pense pas
moins plus que jamais qu’une société où l’on n’aime pas et où l’on ne
respecte pas les animaux est une société où l’on ne peut aimer et
respecter les êtres humains.
Les
deux pays que j’aime le plus au monde, les États-Unis et Israël, sont
des pays où on aime et respecte les animaux, et où les chats sont
respectés.
La perte de Titoune est d’autant plus rude pour moi que j’ai, en deux ans, perdu quatre de mes chats.
Mon
père est chez moi, agonisant, avec la maladie d’Alzheimer. La compagnie
des chats lui a beaucoup apporté à lui aussi, avant que son esprit
s’éteigne.
Il est, parfois, des périodes difficiles. Je le dis à ceux qui me lisent : c’est pour moi une période difficile.
Je ne veux pas douter que je connaitrai des périodes moins difficiles dans le futur proche.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.
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